Les élections du Collège des adhérents au Conseil National se sont déroulées du 17 au 19 janvier . Les premiers résultas ont été publiés dimanche soir sur le site officiel du Mouvement Démocrate.
Ce qui devait être l'occasion de poser les bases d'une vraie démocratie interne au sein de notre Mouvement a été l'objet de toutes les controverses. La démocratie éponyme dans notre Mouvement ne doit-elle pas être la colonne vertébrale dans la construction de notre jeune parti ? Ce parti, qui prône la « politique autrement », celle qu'il est essentiel d'inventer avec de nouveaux codes, de nouvelles exigences, de nouveaux principes, ne doit-il pas être un exemple, dans son fonctionnement, dans ses réflexes, de rigueur et de volonté pour cette nouvelle génération politique ? Il est vrai que des décennies de pratiques claniques ou de stratégies parfois peu scrupuleuses, favorisant l'intérêt personnel à l'intérêt général , n'aident pas nos « anciens » à prendre ce virage à 180°. Que de simples militants de base, néo-politiques se prévalent de cet « autrement » pour se permettre de questionner, d'interpeler, de conseiller même, les indispose ou les choquent certainement , mais on peut aussi les comprendre, ils doivent s'adapter.
En ce qui me concerne, je ne compte plus mes interventions au siège, ou sur le net (mails, téléphone, lettres ouvertes, recommandé, ...), et j'ai appris que, questionner c'était souvent déranger. L'interlocuteur...interloqué a trop souvent le réflexe de prendre la question comme une « agression ». Moi si douce, vous imaginez ? Combien aujourd'hui sont-ils ceux qui associent mon nom à une personne rebelle parce qu'impliquée et engagée ?
Si j'ai pris de mon temps, sur ma vie professionnelle et privée, si je me suis accrochée à cette tâche que je m'étais donnée, si j'y ai perdu un peu de mes espoirs et quelques 5 kilos en un mois, si j'ai pris des coups et des cours accélérés en politique, je sais une chose, mais cela je le sais sans le moindre doute : je n'y ai pas perdu mon âme !
Je bouscule sans doute les modes de fonctionnement habituels dans un parti et j'ai appris à mes dépens, que je dérangeais. Je prends la parole et m'exprime sur ce que je ne comprends pas ou qui me semble de nature à travestir le vrai message du Mouvement Démocrate.
L'émergence d'une génération nouvelle souhaitant s'impliquer dans la vie politique bouscule ces deux « mondes », d'anciens et nouveaux qui n'ont d'autre choix que de cohabiter. Les premiers ne retrouvent plus leurs marques et les seconds se trouvent à l'étroit dans la maison commune et certains cherchent à occuper « la place » avant que le voisin ne la leur pique , quitte à jeter à la cave l'hôte prêt à lui offrir le gîte et le couvert, la main tendue. Pour certains nouveaux tout est bon pour justifier de leur légitimité. Même s'approprier du message de leur leader pour expliquer l'inexplicable. On s'organise, en associations, en mouvements, plus Modem que Modem, plus Bayrou que Bayrou, plus démocrate que démocrate. Les « amitiés » se lient, se relient. On se réunit, on s'organise , on définit des stratégies pour les prochaines élections, on plannifie, on pense ensemble, on réagit ensemble, on se déplace ensemble. Gare à celui (ou celle!) qui osera penser autrement ! Evidemment on n'y pratique pas la pensée unique, quelle idée ! L'essentiel est de suivre la ligne et de ne pas dire (trop souvent) tout haut ce que beaucoup pensent tout bas . Tiens, bizarrement, ça me rappelle la politique ...comme avant ! Me suis-je trompée de parti ? François Bayrou m'a-t-il bernée à ce point ?
Cette pensée m'a obsédée ces derniers temps, à en perdre le sommeil. Je me suis refait le film à l'envers en mettant le curseur à janvier 2007. J'ai fouillé ma mémoire et l'ai réveillée à tous ces moments très forts vécus depuis les Présidentielles. Et j'ai compris que je ne m'étais pas trompée de chemin. La voie que j'ai choisie dans le sillon de François BAYROU est la bonne, la vraie, la seule qui ne soit pas une impasse .
Je ne me suis pas trompée mais j'ai eu tord . Tord de penser que tous les démocrates de ce parti naissant, pensaient comme moi et réagiraient comme moi ! Avant d'être démocrates, ce sont des êtres humains, avec tout un patrimoine de qualités et de défauts qui les confronte à leurs propres ambitions personnelles souvent non abouties ailleurs. Leurs intentions au départ étaient sûrement désintéressées mais « l'espace à prendre » est si palpable, si prêt d'être pris que la tentation de l'occuper a pris le pas sur les saines motivations des débuts: les valeurs à défendre en priorité attendront.
Ce Mouvement qui se voulait unitaire dans la diversité se compose déjà, d'une multitude de groupes, associations, réseaux, mouvements qui, au lieu d'unifier ses composantes génétiques, risque de se trouver divisé entre bataillons organisés et simples adhérents indépendants et fiers de l'être.
C'est l'interprêtation de nos statuts et l'usage que nous en ferons qui pourront permettre un enrichissement dans la diversité plutôt que des déchirements.
Ces premières élections internes auront été un véritable révélateur : ceux qui sont prêts à tout pour obtenir un siège, ceux qui préfèrent s'effacer et observer et ceux qui ont fait le choix de s'engager, avec leurs tripes, quelque soit le résultat , pourvu qu'il soit obtenu de façon démocratique. Je prétends faire partie de cette dernière catégorie et j'en connais beaucoup au Modem dans ce cas . Alléluia !
J'ai donc participé à ces élections, activement, en restant vigilante et alertant sur les dysfonctionnements dans l'organisation. Il semblerait que tous mes efforts aient été vains au vu du déroulement du scrutin en PACA.
Si je ne remercierais jamais assez certaines instances départementales (04, 06, 83) d'autres n'ont pas compris, sûrement, que mes interventions tendaient à limiter au maximum les possibilités de recours, en veillant en amont au respect des modalités d'organisation.
A l'issue de ces élections, le bilan ne pouvait qu'être déficitaire . Si l'on peut accepter de légères anomalies dûes à la jeunesse de notre Mouvement, il n'est pas concevable de tolérer et d'entériner des dysfonctionnements de nature à dévoyer la démocratie la plus élémentaire au sein même du Mouvement Démocrate. Notre crédibilité au regard de l'extérieur est en jeu. Nous avons une valeur d'exemple pour nos adhérents, nos sympathisants et également nos concitoyens .
En région P.A.C.A, des irrégularités ont eu lieu, notamment la non information des adhérents ne disposant pas d'Internet. Mais la plus flagrante est celle commise dans le Vaucluse qui n'a pas fourni les bulletins de vote et les professions de foi de trois listes sur sept !
J'ai bien évidemment, en concertation avec tous mes co-listiers, fait un recours, lundi, auprès de Mr BARIANI, Président de la Commission Nationale d'organisation de ces élections.
Mr Bariani, a décidé, dès dimanche, d'organiser un nouveau scrutin en Vaucluse.
Or, cette élection concernant une circonscription régionale, j'ai déposé un recours en invalidation totale en PACA. En effet, l'annulation d'un bureau de vote d'une circonscription, entraîne, de facto, l'annulation de tous les autres bureaux.
De plus, les résultats ayant été publiés par la liste PACA en Mouvement sur e-soutiens, on comprendra aisément qu'un scrutin partiel ne peut plus avoir lieu, pour des raisons évidentes d'équité.
Je vais bien évidemment m'attirer les foudres de certains et prendre le risque de perdre l'unique siège que notre liste aurait obtenue, mais j'ai toujours dit que ce n'était pas les honneurs d'un poste qui me motivait. Seule une volonté de construire efficacement ce Mouvement m'intéresse réellement. Le Conseil National est une porte ouverte à un vrai travail de proposition, mais sans siège il me sera, malgré tout possible, de continuer mon engagement différemment mais toujours sincèrement.
Je préfère perdre mon unique siège, plutôt que de l'obtenir de façon si caricaturale.
Cette décision prise avec mes co-listiers correspond à notre profession de foi dans laquelle nous prônions la transparence, l'information de l'adhérent, la démocratie interne et la prévalence de l'intérêt collectif sur l'intérêt personnel.
J'appelle donc, toutes les têtes de listes, en démocrates, de soutenir ce recours en invalidation de l'ensemble du scrutin en PACA. Montrons l'exemple ! Prouvons que nous ne sommes pas accrochés à des sièges mais à des valeurs! Faisons-nous élire dans des conditions de démocratie interne clairement exercée ! Démocrates, à vos actes non manqués !
« La démocratie, ce n'est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité », Albert Camus