15 Mars 2011
Journée internationale des droits des consommateurs - Robert Rochefort : "nous voulons promouvoir un consommateur armé pour se défendre"
Quelle est la vision du Mouvement Démocrate sur la consommation ?
Robert Rochefort: La consommation occupe une place très importante dans nos vies. Trop importante peut être. Désormais, presque tout se vend et s'achète. Sur ce point, nous devons appeler à la plus grande vigilance. Notre philosophie humaniste nous fait refuser toute marchandisation qui n'est pas respectueuse de l'intégrité et de la liberté de chaque être humain. Dans certains endroits du monde, le don d'organes, le prêt d’utérus, la religion sont devenus des marchandises. Nous ne le voulons pas. Et sur d'autres grands sujets la question se pose également : jusqu'où doit on aller vers la mise sur le marché de prestations d'éducation, de santé ou de prise en charge de personnes âgées dépendantes ?
La consommation a-t-elle évoluée avec la mondialisation ?
La consommation se transforme tous les jours, elle se standardise et se sophistique à la fois. Grâce à internet, elle ne connaît plus de frontière. C'est un nouveau défi pour la protection du consommateur. On doit permettre que se développent les achats sur le web, car cela favorise la concurrence, cela fait baisser les prix et cela élargit le choix offert à chacun. De plus, cela permet à de nombreuses PME ou artisans de commercialiser leurs produits souvent au-delà de leur lieu d'implantation et même à l'étranger. Mais il faut parallèlement adapter et étendre le droit des consommateurs. C'est l'objet d'une directive en cours de discussion actuellement au Parlement européen.
Consommer est donc devenu plus complexe ?
Le consommateur d'aujourd'hui est, dit-on, mieux informé et maîtrise les arcanes du commerce et du marketing. C'est sans doute exact pour certains mais loin d'être le cas pour tout le monde. L'éducation à la consommation doit redevenir une priorité importante. A l'école pour les enfants, au sein de la famille et plus largement grâce au travail d'information réalisé par les associations de consommateurs. Celles-ci voient leur rôle menacé par des restrictions budgétaires injustifiées alors qu'au contraire on leur demande d'être présentes au sein de comités et de commissions tant au plan national que dans les départements et les régions.
Concrètement, comment peut-on améliorer les droits des consommateurs ?
Nous voulons promouvoir un consommateur armé pour se défendre face à des contrats dans les services (téléphonie, accès à internet, banques, assurances, énergie, mutuelles, etc...) toujours plus complexes. Nous voulons que chacun ait le droit de choisir le prestataire de son choix mais qu'il puisse le quitter à échéance régulière sans qu'il y ait entrave pour cela.
Nous voulons que les consommateurs les plus fragiles ne puissent plus tomber dans les pièges des achats forcés et contraints, ni dans celui du surendettement. Le crédit à la consommation est fort utile pour s'équiper, se loger, acquérir une voiture, mais il ne peut servir à payer les charges courantes de la vie quotidienne. Nous voulons que soit implanté le droit à l' « action de groupe ». Malgré de nombreuses promesses cela est sans cesse reporté depuis plus de dix ans. Il ne s'agit pas de le faire « à l'américaine » pour enrichir les cabinets d'avocats mais de façon raisonnée sous l'égide des associations de consommateurs.
Cela implique-t-il aussi une évolution de notre manière de consommer ?
Oui, il faut préparer ce que sera la consommation de l'avenir. Moins gaspilleuse en énergie et en emballages, elle devra favoriser l'usage plutôt que la possession des objets, rendre la qualité préférable à l'achat « hard discount ». Le consommateur doit devenir peu à peu un citoyen qui s'intéresse à l'origine des produits qu'il acquiert et aux conditions sociales de leur fabrication. Il faut privilégier l'achat responsable et encourager les filières de production en ce domaine.
Dans de nombreux secteurs, on peut aussi envisager d'allonger la durée de la garantie légale de fabrication (cinq ou dix ans selon le cas). Consommer autrement, c'est aussi favoriser les labels, notamment ceux de l'agriculture biologique et du commerce équitable, encadrer, pour mieux en assurer l'essor, l'achat d'occasion et la reprise des produits dont on n'a plus l'usage. C'est une consommation nouvelle, plus qualitative qu'il faut promouvoir, très préférable à une course effrénée à la surconsommation et au gaspillage telle que nous l'avons connue depuis quelques années.