Lors d'un long entretien réalisé le 25 octobre, l'historien Jean-Pierre Rioux revient sur l'héritage historique du Mouvement Démocrate, ses valeurs et les espoirs qu'il porte. Replaçant ce mouvement dans les temps longs de l'histoire, il salue "l'insurrection de l'intelligence" qui a marqué la campagne présidentielle de François Bayrou, soulignant également la place nouvelle du Mouvement démocrate : "Plus jamais, nous ne serons une force d'appoint". Jean-Pierre Rioux précise cette analyse dans sa contribution au Forum des Démocrates : "Comment nous configurer ?"
Comment nous configurer ?
(Contribution au Forum des démocrates de Seignosse, le 15 septembre 2007) Le 24 mai dernier, au Zénith, nous parlions de faire courir la promesse du 22 avril en insurgeant l’intelligence. Nous voulions rester en mouvement, puisque ni le droite-gauche de résignation, ni l’insolence bonapartiste, ni l’impuissance socialiste, ni l’autosatisfaction groupusculaire, ni les plats de lentilles ne nous tentaient. Nous souhaitions reprendre l’essartage d’un espace démocratique de vérité ; enraciner une contestation intégrée et positivée. Nous voulions re-tricoter en partant du centre, dans la suite d’un séculaire héritage social, libéral et européen resté présent, contre vents et marées, depuis Marc Sangnier et Jean Lecanuet. Nous promettions de n’être ni un parti partisan, ni un conglomérat d’activistes et de déçus, ni un club de supporters. Nous voulions réapprendre à choisir et tracer droit, à raisonner librement, à expérimenter, à nous battre en orange.
Un été plus tard, nous faisons surface. Mais nous voici toujours aussi méprisés par les bien-pensants ou mis à l’encan par les faux bons amis. Nous voici pris, en interne, entre filiations et renouveau, tout en étant persuadés que la table rase n’est jamais une solution, pas plus que l’improvisation ou la fébrilité. Ne rien renier du meilleur du passé centriste et du meilleur de l’action de l’UDF, mais rajeunir, serrer l’argumentaire, partir à la rencontre des volontariats et des solidarités, couvrir, en « gramsciens » aussi déterminés que Nicolas Sorkozy pour la droite depuis 2003 ou que le PS des années 1970, l’espace scientifique, intellectuel, culturel et médiatique, puisqu’il s’agit de « mener un combat d’opinion, un combat intellectuel, philosophique, moral, autant qu’un combat parlementaire et militant » : voici notre ambition, qu’il nous faut afficher en répliquant aussi, et très vite, aux accusations de naïveté et de banalité, puisque tout un chacun peut en effet, aujourd’hui, se dire démocrate autant que nous.
Comment, dans ces conditions, singulariser et densifier notre propos ? Comment nous constituer, nous ériger, nous configurer ? Nous n’y parviendrons qu’en partant du 22 avril, en faisant mouvement et en persévérant dans le parler vrai.
Partir du 22 avril
Reconnaître et revendiquer cette filiation-là est notre meilleur viatique. Car le 22 avril une singulière poussée politique s’est manifestée. Elle fut assez puissante pour prouver que le centre ainsi personnalisé serait désormais mieux qu’une force d’appoint. Elle fut qualitative aussi : ce centriste-là, en bonne complicité avec le Jean Lecanuet de la première élection présidentielle au suffrage universel, en 1965, a fait montre d’une vocation toute personnelle à la « contestation intégrée », c’est-à-dire non pas hors du système mais, au contraire, installée au cœur de celui-ci, à l’occasion de l’élection majeure. Mieux : ledit centriste a inscrit cette contestation non seulement dans la lignée, aussi longue que l’histoire de notre démocratie depuis 1789, d’une rébellion de la raison - celle du citoyen contre les pouvoirs en version radicale d’Alain ou celle, plus populiste, de la « politique du peuple » au nom du Tiers État - mais aussi dans celle d’une résistance spirituelle de la conscience et de la personne, du refus du règne de l’argent et du cynisme, de la confiance dans la société civile et les corps intermédiaires, de la morale en action et du souci de vérité, ces principes offensifs affichées avec constance depuis plus d’un siècle, on le sait, par sa famille démocrate-chrétienne.
Ainsi sa révolte s’est-elle faite résistance et fut suivie par près de 20% des électeurs le 22 avril. Ainsi fut dénudée et récusée, au nom de valeurs pérennes cette bipolarisation bipartisane et militarisée sous la Ve République qu’une très forte majorité de Français dénonçait régulièrement mais vainement depuis dix ans au moins. Cette position originale explique non seulement que François Bayrou ait été un moment perçu dans des sondages comme le seul capable de battre Nicolas Sarkozy au deuxième tour mais, surtout, qu’il ait rassemblé un électorat heureusement diversifié et bien armé politiquement et moralement.
Le vote en sa faveur a eu cependant une sociologie et une géographie propres, dont nous sommes toujours comptables aujourd’hui. La première est marquée par la prédominance des cadres et des classes moyennes, tous inquiets pour l’avenir comme pour leur propre avenir et très soucieux de conciliation, de proposition et d’innovation, de réforme et de justice. Traits saillants aussi bien : la jeunesse et, surtout, le diplôme, ce qui explique aussi l’ampleur du soutien reçu dans les milieux de l’activité de pointe et dans ceux de l’enseignement, de l’université, de la recherche et des technologies les plus prometteuses. C’est cet ancrage-là qu’il importe de consolider. Cette sociologie particulière s’est aussi inscrite sans peine, à la grande surprise parfois des observateurs incultes, dans la géographie électorale bien connue du centrisme de souche démocrate chrétienne, libérale et radicale (l’ouest, l’est, l’ouest de la région parisienne, les départements en écharpe du Pays basque à la Haute-Savoie avec le Rhône à l’épicentre). Mais elle l’a débordée (dans une partie de l’ex-Chiraquie du Massif central et, fait important, à Paris intra-muros), sans toutefois parvenir à progresser autant dans le Nord-Est et dans le Midi méditerranéen.
Surtout, nous disent toutes les enquêtes de sortie des urnes, l’électorat Bayrou avait des aspirations hiérarchisées de manière originale et toutes résolument et pertinemment tournées vers l’avenir. Alors que les enjeux permanents et prioritaires pour l’électorat de droite sont restés l’immigration, l’insécurité et la politique économique plus libérale, et pour celui de gauche l’exclusion, la pauvreté, le pouvoir d’achat et l’éducation, les électeurs de François Bayrou ont placé très loin devant les quatre questions cruciales pour l’avenir et qui devraient donc être le socle sur lequel doit être bâti le programme du Mouvement démocrate : l’éducation et la recherche, le pouvoir d’achat, l’Europe et l’environnement. Ces singularités de l’électorat de François Bayrou ont certes, par définition, disparu au deuxième tour et l’on connaît la configuration du report de ses voix (environ 40 % pour Nicolas Sarkozy, 40% pour Ségolène Royal et 20 % d’abstentions, blancs ou nuls).
Il reste néanmoins que si l’élection présidentielle a vu la droite rafler la mise et la gauche perdre la main, dans cette partie François Bayrou fut mieux qu’un joker : il a non seulement personnalisé un enjeu de type nouveau mais, au passage, il a jeté un dévolu sur un espace et une configuration démocratiques renouvelés, dont la sociologie, la géographie et les aspirations ont dépassé le centrisme hérité et l’habituel déni du duopole droite-gauche.
C’est ce dépassement qu’il faut éclaircir et entreprendre de faire fructifier si l’on veut installer et faire grandir le MoDem. C’est tout le sens du cheminement, esquissé le 22 avril, de « centre » à « démocrate », que François Bayrou vient de recommander dans son article de Commentaire. Il faut le tracer, le jalonner. En somme, il faut faire mouvement.
Faire mouvement
Historiquement, un mouvement n’est ni un parti, ni une « section de », ni une union, ni un rassemblement, ni une ligue. C’est l’appellation dynamique et dynamisante, la forme et l’affût d’un projet, d’un enjeu, d’une action. Et il n’atteint ses objectifs que si ses adhérents savent vers quoi ils s’ébranlent, quel est l’ordre de marche, quelles étapes il faudra faire pour arriver à destination.
On pourrait citer quantité d’organisations à géométrie trop invariable et à longévité très aléatoire qui ont été des mouvements. Il y en eut de pittoresques, aussi groupusculaires qu’oubliées, qui ont banalisé et dévalorisé l’appellation. Qui connaît encore, par exemple, le Mouvement « socialiste monarchiste » devenu « humaniste démocrate » en 1965 ? Le Mouvement travailliste national de 1955 ? Le Mouvement libéral de Touraine ? Le Mouvement d’action et de réflexion pour les réformes socialistes (MARS) de 1973 ? Le Mouvement social et démocratique de Louis Ducatel en 1969 ? Mais beaucoup ont marqué, car ils signalaient à temps des besoins nouveaux et pressants de la société, de la culture et de la politique. Souvenons-nous, il n’y a pas si longtemps, du Mouvement de la paix, du Mouvement de défense des exploitations familiales (MODEF), du Mouvement populaire des familles dès 1942, le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception de 1956 (MLAC), le Mouvement européen de Jean Monnet en 1958 et même du Mouvement des radicaux de gauche, du Mouvement écologique de 1974, du Mouvement réformateur de 1971 ou du Mouvement des démocrates de Michel Jobert. Sans oublier le Mouvement Poujade qui fit trembler la IVe République, ou le Mouvement du 22 mars qui annonça mai 68. Si l’on pouvait faire ici l’histoire de ces élans inégaux qui ont labouré la France démocratique depuis la Révolution, on prouverait aisément qu’un mouvement, parce qu’il est mouvement, peut étendre ses tentacules sociales, se mouvoir avec agilité et détermination et, surtout, signaler de nouveaux enjeux de manière plus convaincante que d’autres types de formations politiques.
S’il le nôtre voulait revendiquer une filiation et la mettre au crédit d’une légitimité historique, la plus à propos serait celle du Mouvement républicain populaire (MRP) tel qu’il fut lancé à la Libération et dont l’action fut essentielle pour participer au redressement national, à la reconstruction du pays et au rétablissement de la République. Car quel était, déjà, son message? « Préoccupation sociale, Europe, souci de conciliation entre Français, recherche de proximité entre les citoyens et les centres de décision ». Son idéal ? « Que la République soit plus généreuse avec le peuple et la France plus généreuse parmi les nations ». Si bien que le Manifeste fondateur de ce MRP, des 25-26 novembre 1944, mérite encore le détour, puisqu’on y lit qu’il s’agissait déjà de « poursuivre, dans le cadre des institutions républicaines renouvelées, une action politique démocratique suivant les principes qui ont animé la Résistance et une œuvre d’éducation politique et sociale ». Ne nous faisons donc pas trop de souci au chapitre des références, qu’il ne faudra pas négliger par nos temps de présentisme, d’instantanéité, de fébrilité, dans la bousculade d’images et de médiations qui nous déconcertent. N’oublions jamais que nous venons tous de quelque part, qu’il n’y a jamais eu de table rase en politique et que si nous acceptons bien volontiers d’hériter, c’est pour mieux repartir.
Conclusion ? Un mouvement est à la fois l’organisation d’une résistance initiale puis la force motrice de l’action qu’elle anime. Il soutient un leader incontesté mais il sait aussi que dans la bataille comptent beaucoup aussi le dynamisme social et économique de ses adhérents, l’originalité de ses types d’action civique, de ses modes de rassemblement et de manifestation, bref son inventivité et sa modernité militante. Un mouvement est une organisation efficace car il est plus réceptif que le parti de masse à l’urgence, à l’événement, à l’échéancier. Il sent qu’il faut sans répit mieux viser les cibles, clarifier les enjeux, repérer les points de martèlement, ébranler ; il entend prouver le mouvement en marchant, c’est à dire valider des valeurs, une démarche et des ambitions en énonçant, en instruisant, en bataillant sur des points précis, concrets, révélateurs, significatifs, aussi exemplaires que probants. Rappelons-nous qu’un mouvement n’est entraînant que si sa véhémence originelle se fait pédagogique et éducative, si elle cherche à explorer de nouvelles voies au long desquelles seront mieux formulés la règle et le consentement.
C’est pourquoi il est indispensable de déterminer sans délais les principaux points sur lesquels doit porter notre effort. En craignant moins que jamais d’avoir à parler vrai.
Parler vrai
Dans un monde globalisé où les liquidités, les financements, les biens et les services vont circuler encore plus librement, il s’agit de redonner l’espoir ; de désamorcer autant qu’il se peut, pas à pas, avec pragmatisme et détermination, le conflit ouvert entre économie, société et culture ; de promettre qu’avec des moyens publics désormais limités, la démocratie restera d’intérêt général si elle aide à la promotion de tout ce qui reste hors de portée du marché, de tout ce qui doit rester hors de sa portée ou de tout ce qui doit à tout le moins passer contrat avec lui. Il s’agit de montrer ainsi, en faisant mouvement en démocrates, que la politique, c’est plus que jamais contenir la marchandisation, garantir l’accès aux biens supérieurs, repérer et dégager des marges de manoeuvre.
Ne détaillons pas pour l’instant les trois domaines fondamentaux d’intervention, de proposition et de négociation qu’à mon sens le MoDem pourrait privilégier dans son action, et dès l’an prochain mettre à proximité à l’occasion des élections municipales et cantonales. Ils sont dans le droit fil des expériences et des cultures politiques réunies aujourd’hui en son sein comme dans le prolongement, il va de soi, des propositions de la campagne présidentielle :
1) Le droit au sens, pour reprendre le titre du livre de François Bayrou de 1996, puisqu’il s’agit de donner la priorité des priorités au développement d’une société du savoir et d’une économie de la connaissance, cette clé pour l’avenir d’un pays comme le nôtre. Le domaine considéré rassemble à la fois l’école, l’université, la recherche-développement, mais aussi tout ce qui touche à la culture, aux médiations et au rayonnement français (expertise, tourisme, francophonie). Les questions à examiner sont légion, mais il faudra bien en dégager les principales. Ainsi, têtes de chapitre du rapport cité de l’UNESCO, la liberté d’expression et la solidarité numérique, les réseaux, la culture de l’innovation, l’éducation tout au long de la vie, le marché de l’enseignement supérieur, la mondialisation de la recherche, la place et le rôle de la culture scientifique et technologique, les nouveaux rapports des savoirs et des risques, la part des savoirs locaux et des savoirs autochtones, le refus de la fracture cognitive, la propriété intellectuelle, l’e-démocratie et l’e-administration, etc…Qu’allons-nous dire d’intelligemment novateur sur toutes ces questions ? Et comment l’État-stratège pourra intervenir dans cet « intelligemment novateur » ?
2) Le droit à la vie, si l’on consentait à mieux armer, sous cette formulation, un autre domaine de réflexion et de proposition déterminant pour notre avenir. Pourquoi ne pas rassembler sous cette rubrique, à l’instar des sciences de la vie et de la terre de nos écoles, tout ce qui touche à l’environnement, à la vie et à l’éthique (bioéthique, génie génétique, biotechnologies, nanotechnologies, etc…), aux âges de la vie et à la santé ?
3) Le droit aux solidarités humaines et spatiales, puisque tous les pays d’Europe qui réussissent sont décentralisés et moins étatisés que le nôtre et proposent des solidarités autrement moins providentielles et « statutaires » que les nôtres. Par héritage comme par ambition, ne craignons pas de dire que nous ne sommes pas les moins mal armés pour avancer des idées neuves sur la ruralité et la « rurbanité », l’intercommunalité (ce sera bientôt l’occasion de rabâcher Tocqueville : « C‘est dans la commune que réside la force des peuples libres. Les institutions communales sont à la liberté ce que les écoles primaires sont à la science » !), le rôle des PME dans le tissu économique et social, l’impératif régional, les progrès de la décentralisation : autant de questions que nous saurons mieux que d’autres inscrire dans le devenir national et européen. Bref, jouons à plein de l’héritage centriste qui, mieux que d’autres si pleins de fixisme jacobin et étatiste, a toujours tenté de mettre en synergie le local et le global, le régional, le national et l’européen, le tout et les parties. Répétons que cette famille politique a toujours prôné la solidarité, respecté les corps intermédiaire, favorisé et civilisé la dynamique sociale et libérale ; qu’elle n’a jamais contribué à étouffé par étatisme ou nationalisme outrepassés la respiration de tous et de chacun. Aujourd’hui, des arguments de cet ordre valent de l’or.
« Il faut », « disons », « répétons » : il ne s’agit pas ici d’incantations vaines, mais d’une ambition et d’une méthode politiques, de celles que seul un respect du « parler vrai » peut expérimenter et valider, ce « parler vrai » si cher à Pierre Mendès France comme à Raymond Barre, à Jean Lecanuet ou à Charles de Gaulle. « Le lien du langage est le plus fort et le plus durable qui puisse unir les hommes », notait Tocqueville : François Bayrou lui fait justement écho en invitant à clarifier les faux débats, à ramasser les propositions, à viser plus juste et plus haut, à voir plus loin, puisque « les mots sont la matière première de la politique ».
Un seul exemple : et si nous faisions serment de ne plus parler d’« alliance » mais de « contrat », de « programme » mais de « proposition », de « mondialisation » mais de « globalisation », de « règle » sans « consentement », de « réforme » sans « négociation » ? Comment contourner le langage médiatique et la langue de bois ? Civiliser et faire argumenter de nouveau notre langue française sans parler comme dans un quotidien sportif ou par SMS ? Comment au passage décoder et enrichir le langage numérique ? Comment favoriser l’autocritique, accepter que les experts et les élites eux aussi puissent dire ? Comment concrétiser le si vert « penser globalement pour agir localement » ? Le rôle, si difficile mais si indispensable, de bon locuteur collectif ne doit pas effrayer un mouvement comme le nôtre. Car, comme Pierre Pflimlin le disait naguère, « pour jouer un rôle charnière il faut d’abord exister » et pour exister il faut nommer, énoncer, dire du sens, échanger, argumenter dans les règles de la pensée. Bref, parler simple et dru : parler vrai.
C’est à propos de notre mot-drapeau, « démocratie », que nous serons attendus, et bien avant d’être entendus. Il nous faudra certes adopter sans arrière-pensée les discriminants que signale François Bayrou dans son texte de Commentaire : un projet d’exigence civique très « haut de gamme » ; la volonté de protéger le citoyen contre les excès du pouvoir par la séparation des pouvoirs ; le refus de prolonger la névrose nationale de l’État thaumaturge et le souci de redéfinition du rôle stratégique de l’État ; la réhabilitation des « biens supérieurs » ; la fédération des nations moyennes contre les puissants débondés. Mais il faudra creuser encore le sens du mot démocratie, et d’abord en le protégeant des tentations qui l’assaillent aujourd’hui : la tentation relativiste qui consiste à dire que toutes les valeurs se valent, que toutes les revendications des communautés sont légitimes, que les droits de l’homme pourvoiront à tout, qu’on peut relativiser jusqu’en bioéthique, qu’il n’y a plus de loi naturelle, que le sens commun, au sens kantien, et la capacité de jugement sont des fables ; la tentation égalitaire qui conduit à refuser en bloc toute discrimination et à dénoncer toute discrimination positive ; la tentation victimaire qui brouille notre vision de la justice sociale et de la justice tout court ; la tentation jacobine et étatique qu’il faut compenser mais sans sombrer dans les tyrannies de l’intimité, de l’émotion, de l’opinion, du local, du communautaire ou du participatif.
Immenses chantiers, dont il faut repérer les points cruciaux et extraire des propositions originales ; puis en faire nos chevaux de bataille et nos parts de contrats à négocier et de conquêtes à venir.
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